L' été tous les chats s'ennuient

Publié le par Bibliofractale

ete tousleschatsAvec le temps qu’il fait, mes chatons, nous allons éviter soigneusement les polars nordiques, tous plus réfrigérants les uns que les autres.

Dehors, les icebergs !

Ouste, la pluie verglaçante !

Pourquoi se recroqueviller sous la couette avec trois pulls sur le dos alors qu’il suffit d’ouvrir un roman pour pouvoir plonger dans une piscine sous un chaud soleil estival ?

A nous les cargolades, l’anisette, et les coups de soleil.

Enfin, au moins au début.

Parce qu’ensuite, cela se complique un peu et il y risque d’y avoir quelques frissons.

 

 

 

 

 

L’été tous les chats s’ennuient

Philippe GEORGET

Jigal (Polar) ; 338 pages ; 18 euros

 

 

A chaque jour suffit sa flemme…

En ce début d’été, le commissariat de Perpignan traite son lot quotidien de petite délinquance ou de contrebande. Mais lors d’une de ses promenades au petit matin sur la plage, un retraité en vacances au camping d’Argelès trouve le cadavre d’une jeune hollandaise. Un meurtre, bien sûr aucun témoin, très peu d’indices, l’affaire s’annonce difficile à résoudre.

Pendant ce temps, le lieutenant Gilles Sebag et son collègue Jacques Molina commencent à enquêter sur la disparition d’un chauffeur de taxi avant d’être saisis d’un autre cas à traiter : les parents d’Ingrid Raven n’ont plus aucune nouvelle de leur fille depuis plusieurs jours.

Double raison de s’agiter au commissariat: Ingrid est hollandaise, et c’est la fille d’un policier.

Puis une jeune fille vient porter plainte pour tentative d’enlèvement.

Elle est hollandaise.

Les policiers perpignanais seraient-ils sur la piste d’un serial killer ?

Un homme insaisissable en tout cas, qui les nargue avec des courriers, des coups de téléphone, qui joue au chat et à la souris. Mais qui vise plus particulièrement Sebag comme partenaire de jeu.

Sebag est un excellent policier, aimant son travail, mais il en a trop vu et il a fait le choix de privilégier sa vie de famille. De passer du temps avec Claire, sa femme. De profiter de Séverine et Léo, ses deux enfants. Mais il se rend compte que ses enfants grandissent bien trop vite à son goût.

Et que sa femme lui ment, parfois….

Sa famille une fois partie en vacances, Sebag reste seul au bord de sa piscine.

Se demandant comment faire progresser cette enquête aux indices bien minces.

Espérant bien évidemment retrouver Ingrid vivante.

Mais se posant aussi beaucoup de questions quant à l’avenir de son couple.

 

On ne se confie pas à un flic. Pas sans commission rogatoire…

Dans ce livre, le héros ne subit pas de fusillades en gardant un brushing impeccable. Il ne lutte pas désespérément pour sa survie au rythme d’un rebondissement tous les deux paragraphes. Il ne tombe pas d’un air blasé  toutes les filles en bikini ultra-rikiki. Il n’a pas de technologie hyper sophistiquée pour résoudre d’un clic toutes les énigmes.

Non.

Sebag est un homme ordinaire, un policier ordinaire, un père et un mari ordinaire. Il adore sa région, il aime les randonnées, il s’adonne au footing et ne déteste pas piquer une tête dans sa piscine. Le bon café est un sujet avec lequel il ne faut pas plaisanter. Il doute, il aime, il travaille. Dans cet ordre ou dans un autre, peu importe.

Mais pour tout cela il est attachant et prend au fur et à mesure des pages une très belle épaisseur.

C’est un homme qui tient bon, pour qui bien faire son travail est important, et qui pour réussir a besoin de sa famille.

Viscéralement.

On alterne entre progression de l’enquête, et petits détails du quotidien. Entre aléas professionnels et vie de couple. On découvre la vie et les combats d’un homme.

Intrigue et vie des personnages sont tout ce qu’il y a de plus réalistes, de plus crédibles, avec par-ci par-là la petite touche d’humour à froid, un rien désabusé, l’ingrédient indispensable à tout homme qui n’a pas baissé les bras.

Le rythme lent du début colle parfaitement au début de l’enquête. La montée en puissance se fait peu à peu, inexorablement, elle est bien maîtrisée et tout s’accélère au fur et à mesure que les indices s’accumulent, que les preuves s’entassent, que Sebag progresse.

On en vient à ressentir l’ambiance électrique qui entoure les instants proches du dénouement. L’énervement des hommes, leur agitation, leurs angoisses.

Le tout dans une région qui est tout, sauf un simple décor. Il fait chaud, on transpire, c’est sensuel et âpre, rocailleux et coloré, vivant et moite.

C’est bien fait, bien écrit, prenant du début jusqu’à la fin.

C’est un premier roman et l’auteur y montre un savoir-faire indéniable.

Un livre proposé pour un certain nombre de prix Polar 2010 dont :

Le Prix Sang pour Sang Polar

Prix Polar de Cognac

Prix SNCF du Polar, ,

Prix des Lecteurs du Festival du Polar de Villeneuve lez Avignon,

Prix MICHEL LEBRUN 2010…

 

Lisez-le, vous comprendrez pourquoi.

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P
Belle chronique qui me donnerait envie de le lire si je n'étais pas déjà en train de le faire.Il devient attachant au fur et à mesure des pages ce flic bien Français.
Répondre
B
<br /> <br /> Bonjour Pyrausta,<br /> <br /> <br /> et j'espère que tu auras plaisir à retrouver Gilles Sebag dans "les violents de l'automne" qui vient de paraitre.<br /> Ce livre sera l'objet d'une prochaine chronique :-)<br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />